Les bases du jardinage sol vivant

Les bases du jardinage sol vivant


Que signifie Jardiner « Sol vivant » ? En fait je vous en fait la confidence, c’est une expression que j’ai inventée. J’aurai pu appeler ce blog jardin « sans travail du sol » mais ça me plaisait pas de définir par la négative un thème aussi passionnant.

août 2011 : cette planche a été préparée à partir du mois de février de la même année sans aucun travail du sol !
Pourquoi donc vouloir supprimer le travail du sol ? C’est quand même bien connu qu’il est IMPOSSIBLE de cultiver un jardin sans bêcher, passer le motoculteur, biner… Qu’est ce que je vais donc vous dire ? Que c’est affirmation séculaire est fausse ? Eh bien oui, c’est ce que je vous affirme. Je vous l’accorde cela demande une certaine technicité et pas mal d’essai, parfois d’échec, avant de trouver un système qui fonctionne sur chaque sol, chaque culture, mais c’est possible ! Non seulement c’est possible, mais en plus cela permet de mieux gérer la fertilisation, l’irrigation, la santé des plantes, la qualité du sol…
Pour mieux comprendre cela, imaginez que 90% de la vie souterraine est dans les 10 premiers centimètres du sol ! Il apparaît alors clair que tout travail, même peu profond la perturbe profondément. Or qui mieux que les vers de terre travaillent le sol en creusant tout un réseau de galeries qui structurent et aèrent jour après jour, nuit après nuit la terre que nous cultivons ? Qui, mieux que les champignons mycorhiziens aident les plantes à se nourrir en utilisant le plus efficacement possible les ressources en eau et nutriments qui lui sont difficiles d’accès ? Qui, mieux que les animaux du sol peut recycler les matières organiques pour créer une fumure idéale pour nourrir nos cultures ? Qui mieux que les légumineuses et les bactéries qu’elles abritent dans leurs racines sait fixer l’azote de l’air pour l’amener dans le sol ?
Vous l’aurez compris, je propose de remplacer le travail de l’outil par celui des organismes du sol. Je vous invite donc à commencer par découvrir cette vie foisonnante qui s’exprime discrètement sous nos pieds…

Découvrons la vie du sol

« On estime actuellement que la faune du sol représente plus de 80 % de la biodiversité animale. Ses plus célèbres représentants, les vers de terre, sont la première biomasse animale terrestre :  on en compte en moyenne une tonne à l’hectare en masse fraîche ! » (Aline Deprince, 2003)
Préserver ce milieu de vie extrêmement riche apparaît donc comme comme un enjeu à la fois agronomique et écologique majeur !

pédofaune et pédoflore : un diplopode (mille pattes) au milieu de fructifications de champignons. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
De quoi s’agit-il ? La organismes vivant du sol sont très diversifiés et sont classés en deux grandes catégories : la pédoflore et la pédofaune.
La pédoflore contient toutes sortes de micro-organismes :  bactéries, algues, myxomycètes et bien sûr champignons. Bien qu’étant pour la plupart microscopiques, ces organismes, bactéries et champignons en tête, jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres. Parmi ces rôles, nous pouvons recenser la décomposition desmatières organiques, la stabilisation de la structure du sol, la mise à disposition de nutriments pour les végétaux et en particulier d’azote et de phosphore à travers des relations souvent symbiotiques avec les plantes.
La pédofaune est quant à elle composé d’animaux et protozoaires (amibes, flagellés, ciliés, ces organismes n’étant pas des animaux devraient logiquement être classés dans la pédoflore, mais l’usage est tenace chez les pédologue…).
Les plus petits d’entre eux, protozoaires et nématodes (vers microscopiques), ont, à l’instar de la pédoflore un impact majeur sur le cyclage des nutriments.
La pédofaune renferme également des animaux de toutes dimensions depuis les minuscules acariens jusqu’aux vers de terres et aux taupes. Ces animaux ont des régimes alimentaires très variés et jouent aussi un rôle majeur dans la transformation des MO et la structuration du sol, c’est grâce à ce dernier rôle que l’on peut se permettre de cultiver sans travailler le sol !
Afin de faire faire connaissance plus en détail avec la vie du sol, je vous recommande la première partie du livre deLowenfield et Lewis « Collaborer avec les bactéries et autres micro-organismes du sol » et « le sol vivant » de Gobat, Aragno et Matthey (une bible, mais d’un niveau sensiblement plus élevé que le précédent).

Comment favoriser cette vie foisonnante ?

De nombreuses pratiques permettent de favoriser la vie du sol, mais ces pratiques seraient vaines si l’écosystème qu’est votre jardin subit certaines agression.
Ces agressions sont de deux types : mécaniques et chimiques, autrement dit le travail du sol et les pesticides.
Je vous invite à réduire le premier à son strict nécessaire afin qu’il soit le plus rare possible, le plus superficiel possible et idéalement en privilégiant les outils à dents.
Quant aux pesticides, je vous invite à proscrire tout insecticide (y compris ceux autorisés en bio) et tout hélicide (leferramol mis à part car il préserve les prédateurs des limaces).
Donc pesticides (naturels et de synthèse) laissés sur les rayons des jardineries, outils de travail du sol remisés, voire revendus, il nous reste à définir les pratiques compatibles avec un sol vivant. Ces pratiques sont nombreuses et je vais ici focaliser sur celles que j’utilise et qui sont basées sur un minimum d’interventions.
De nombreux jardinier qui sont également sensibles au maintient d’un sol grouillant de vie ont tendance à aller vers des modes de cultures nécessitant beaucoup plus de travail, surtout lors de la mise en place, comme des cultures surbuttes, ados, carrés. Je vous invite à découvrir à travers certains blogs, comme celui de Loïc Vauclin, ou des ouvrages comme « Le jardin naturel » de Jean Marie Lespinasse.
Ma proposition est de démarrer un potager, autant que faire se peut, sans aucun travail du sol à partir de mulch, je rejoins ainsi en grande partie les pratiques que préconise Dominique Soltner dans son « guide du nouveau jardinage ».

Le pois fourrager peut être aussi bien une culture qu’un couvert hivernal
En revanche il me semble que de telles pratiques sont surtout pertinentes lors de la première mise en culture, ensuite, le plus pertinent est de faire se succéder le plus intensivement possible les cultures ou les couverts végétaux sur chaque planche du jardin. Cela amène le jardinier à cultiver un potager en toutes saisons, ce qui permet d’améliorer le sol avec toutes les plantes qui y poussent, de maximiser les flux d’énergie qui nourrissent le sol… L’apport d’amendements organiques complète, si nécessaire les pratiques à adopter. Ces pratiques sont synthétisées dans mon article « les trois piliers de l’aggradation des sols ».
Je vous invite également à lire les conclusions des 30 ans d’expériences de Jacques Subra, sur le fait de jardiner à plat ou sur différents types de buttes, ainsi que l’approche de Guylaine Goulfier dans sa « révolution au potager ».
La biodiversité favorisée par ce type de pratiques permet d’aller vers une régulation naturelle des prédateurs et des pathogènes, mais ceux-ci ne sont pas absents pour autant et lutter contre leur prolifération est encore parfois nécessaire. Pour ce faire toutes les méthodes respectueuses de l’environnement sont les bienvenues : voir par exemple les propositions de Jacques Subra pour lutter contre les limaces, ou encore l’utilisation d’extraits végétaux, comme le préconisent les auteurs de « purin d’ortie et compagnie ». Pour travailler en ce sens soigner l’environnement en favorisant un maximum de biodiversité, non seulement dans le sol, mais aussi à tous niveau dans le jardin aide à réguler ces problèmes. C’est ainsi que des mares, des arbres morts, éventuellement couverts de lierre, des murets de pierre sèche, les hautes herbes… sont autant de refuges pour les auxiliaires de cultures en tous genre. Gilles Leblais, dans son ouvrage « mon jardin paradis » propose un véritable guide pour aider le jardinier à rendre son jardin le plus accueillant possible pour la faune sauvage.

Lien internet : Les bases du jardinage - sol vivant


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