Sandy et les 5 cavaliers de l'orage
Pour beaucoup, le
survivalisme est encore l'anticipation souvent grotesque, mélodramatique et plus
ou moins théâtrale d'une catastrophe globale menaçant brutalement la pérennité
de notre espèce: "la fin du monde".
Un terrain fertile,
immuable et dépositaire de comportements gouvernés par la paranoïa, la peur, la
bunkarisation, la conspiration, la paramilitarisation,
l'extrémisme…
Le survivaliste est
alors perçu comme ne pouvant être autre chose qu'un dangereux terroriste
sur-armé, égoïste, débile, et calfeutré dans son bunker qu'il aura surnommé
"Armageddon" (Armageddon - de l'hébreux signifiant « colline de Megiddo », un
petit mont en Galilée dans la région nord de l'état d'Israël, et terme biblique
mentionné dans le Nouveau Testament - Bref, lieu symbolique du combat final
entre le bien et le mal).
Quand bien même nous
nous essoufflerions a parler de sujets aussi variés que la mise en place d'une
autonomie alimentaire intelligente et adaptée, l'inhérente fragilité de nos
infrastructures ou encore la promesse de solidarité et de résilience pouvant
germer de la responsabilisation citoyenne durant une situation d'urgence…quand
bien même nous aurions l'audace de mentionner les problématiques liées aux
folies de notre course mensongère et arrogante a l'exploitation toujours plus
suicidaire qu'est cette idée de croissance continue, il ne resterait que l'avant
propos d'une terrifiante apocalypse Hollywoodienne et les armes…toujours les
armes.
L'ouragan Sandy, qui
s'est récemment abattu sur la cote Est du continent Nord Américain, mais aussi
sur des pays comme Cuba et d'autres communautés déjà victimes de tensions plus
ou moins dramatiques, est le parfait exemple d'un événement a la fois personnel,
local, régional et national qui, qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou
non, a confronté des gens comme vous et moi a la fragilité criante de nos
complexités structurelles.
Pas de "fin du monde"
ici, pas d'extrémisme religieux, politique ou philosophique, pas de paranoïa, ou
de conspirations...simplement des individus, des familles et plus largement des
communautés, touchées par la perte plus ou moins totale et continue de certains
systèmes de support comme l'électricité, la communication, les secours, mais
aussi la distribution de l'essence, du gaz naturel, des produits de
consommation, de l'eau courante et de la nourriture.
Ce que beaucoup ne
veulent pas retenir du survivalisme, c'est que cette attitude, propose avant
tout des solutions intelligentes, adaptées et réfléchies pour développer,
nourrir et maintenir une certaine stabilité avant, pendant et après un événement
comme Sandy.
Pour ces raisons, bon
nombre de gouvernements au monde demandent aujourd'hui a leurs citoyens de
mettre en place un minimum de préparations et de résilience a l'échelle
familiale, dans l'éventualité ou une urgence quelconque viendrait menacer le
bien être et le bon fonctionnement d'un foyer, d'un quartier, d'une région ou de
la nation toute entière.
Accident chimique a
Bhopal en 1984, effondrement de l'URSS dans les années 1990, siège de 1992 a
1996 a Sarajevo, crise économique de 1998 a 2002 en Argentine, Katrina en 2005
aux US, Tsunami de 2011 dans le nord du Japon, crise économique de la Grèce et
aujourd'hui l'ouragan Sandy, sont des situations réelles et parfois dramatiques
pour les populations locales, malheureusement trop souvent dépendantes du bon
fonctionnement des infrastructures et des systèmes de support.
En réalité, la
plupart des survivalistes ne sont pas ces "fêlés de la gâchette", stoïquement
assis sur des tonnes de riz et de munitions a attendre la fin du monde dans un
trou, ils sont, comme a New-York durant Sandy, ces citoyens qui partagent leurs
réserves avec leurs voisins, ils sont ces individus, ces couples, ces familles,
qui, au travers de leurs préparations, de leurs démarchent d'autonomie et
d'indépendance, créent de la stabilité a l'échelle d'un quartier.
Durant un désastre,
ils sont capables de sauver des vies, d'épauler les services d'urgence et de
porter secours quand les équipes spécialisée n'y parviennent pas…
Ils fournissent et
distribuent de la nourriture, de l'eau, des médicaments, des outils, et peuvent
aussi assurer et organiser la sécurité du quartier, et tendre au bien être
physique et psychologique de la communauté touchée par une situation d'urgence,
quelle qu'elle soit.
Mettre en place un
minimum d'autonomie, un minimum de prévoyance et de résilience…en somme, se
donner les moyens de pouvoir agir, et non subir face a l'urgence, influence
l'impact de l'événement sur la fabrique même de nos organisations
sociales.
Les séquelles
inhérentes aux situations d'urgence: perte de l'électricité, perte ou
contamination de l'eau courante, perte du chauffage, de la distribution de la
nourriture, du système bancaire, du gaz naturel, des transports, des services de
soins et d'urgence, de la protection civile, des égouts, des routes…sont alors
atténuées d'une manière a renforcer l'esprit de cohésion et d'entraide a
l'échelle humaine.
1- Le juste a
temps.
[Avant l'arrivée de
l'ouragan, Marie, jeune Française en vacance a New York, a confiée a Europe1
avoir été "impressionnée" par la foule se pressant dans les supermarchés et les
rayons dévalisés: "Quand mes amis m'ont dit d'aller faire des provisions, je me
suis dit "ils sont un peu paranoïaques". En fait c'est surprenant de voir que
tout le monde fait la queue. On a l'impression que c'est un état de
guerre."]
Bien avant l'arrivée
de Sandy sur New-York, bien avant les inondations et les pertes structurelles,
la première tension perçue par la population, le premier "cavalier de l'orage",
a été la liquidation plus ou moins totale et expéditive des denrées les plus
utiles et vitales a l'échelle des magasins et des supermarchés: eau, nourriture,
piles, lampes torches, médicaments, alimentation pour animaux domestiques,
couches pour bébés, générateurs, essence etc.
Le fait est que nos
organisations sont construites sur l'Hôtel du "juste-a-temps", un système de
flux tendu, qui repose principalement sur une alimentation au quotidien de nos
magasins locaux, nos grandes surfaces, nos hôpitaux, nos stations essences, par
les routes et les voies ferrées, mais aussi par bateau, et aujourd'hui plus que
jamais par avion pour certains secteurs sensibles comme
l'hospitalier.
Ce système de
gestion, est donc totalement dépendant du bon fonctionnement des routes, des
voies ferrées, des aéroports…mais dépend aussi d'un équilibre subtile et
foncièrement fragile, entre l'offre (le stocke), et la demande (le
besoin).
- Si la demande
excède les possibilités d'offre, et ceci rapidement, il y a un
déséquilibre.
- Si les moyens de
transports sont menacés ou coupés (pétrole bon marché, destruction de
l'infrastructure routière etc.), empêchant ou ralentissant la distribution et le
ravitaillement, il y a un déséquilibre.
Pourquoi les
supermarchés sont-ils systématiquement dévalisés durant une situation d'urgence
?
Parce que la plupart
des familles modernes fonctionnent elles aussi en "juste-a-temps"…parce que
stocker de la nourriture, des médicaments, de l'eau, des fonds d'urgence, de
l'essence, des bougies, des piles et du matériel pouvant servir et sauver des
vies durant un événement quelconque, est semble-t-il une pratique strictement
farfelue et sous entendue réservée aux professionnels de l'urgence…et même si
nos gouvernements stockent des armes, de l'essence, des outils, de la
nourriture, des médicaments et du matériel, nous, les survivalistes, sommes
constamment rappelés a l'ordre au travers d'une logique paternaliste totalement
déplacée !
Il est intéressant de
noter ici que le terme "stockage" est souvent perçu négativement par la volonté
collective, notamment au travers des médias, comme si cette pratique, pourtant
ancestrale, naturelle et logique, était fondamentalement a l'encontre d'un
comportement social sain, équilibré…mais aussi et peut être surtout a l'encontre
d'un comportement "altruiste".
Queue pour un
supermarché avant Sandy.
"L'état de
guerre", dont fait référence "Marie" un peu plus haut en parlant des
supermarchés, n'est en fait que la conséquence d'une gestion maladroite et
"juste-a-temps" de nos ressources, et ceci a l'échelle familiale.
Cet "état de guerre",
n'existerait pas, ou serait largement diminué, si tout le monde avait ne
serait-ce que 10 jours d'autonomie en ressources vitales a la maison (eau,
nourriture, énergie, hygiène et soins..).
La simple mise en
place de stockes d'urgence adaptés aux besoins de la famille, contribuerait déjà
a la désescalade d'une multitude de problématiques liées au manque et a la
situation d'urgence non maîtrisée…comme par exemple la possibilité d'être soumis
a des actions et des situations pouvant être chaotiques, dangereuses,
perturbatrices et même tragiques (la situation des réfugiés au Superdome de la
Nouvelle Orléans durant Katrina par exemple, ou encore la hausse dramatique du
taux de suicide après l'événement Japonais de 2011 et la crise économique en
Grèce).
Katrina et les
réfugiés du Superdome
Si la vulnérabilité
de dépendre de nos systèmes "juste-a-temps" pour nos besoins vitaux est évidente
en amont d'une situation d'urgence, c'est a dire quand tout va bien, elle est
catégorique quand tout va mal
Simplement, les
réalités d'un événement sur une population dépendante peuvent être dramatiques,
et dans cette optique, se préparer a gérer une urgence par la mise en place
d'une indépendance et d'une autonomie intelligente, a l'échelle individuelle,
familiale, locale et plus largement régionale et nationale, réduit l'intensité
du dit événement...de son impact et de ses séquelles sur l'infrastructure et la
population.
Sans stockes
d'urgence, la population est souvent forcée de trouver a manger ou elle peut
(New-York City).
Il est vrai que
l'état devrait pouvoir venir en aide a ses citoyens et par exemple être capable
de distribuer de l'eau, de la nourriture…d'administrer des soins, de réparer, de
nettoyer, de sauver, de réconforter, de rétablir, de veiller, de
maintenir…
Cependant, ces gestes
ne sont possible que si l'état est prêt a faire tout cela, c'est a dire qu'il a
prévu l'immensité logistique au travers de stockes considérables, de main
d'oeuvre et d'outils spécialisés, mais aussi si l'environnement touché par
l'urgence permet son déploiement.
Même si un effort
considérable a été entreprit par le personnel disponible au sol (pompiers,
policiers, ambulanciers, équipe de secours, militaires, agences gouvernementales
etc…), durant un événement comme Sandy, la lourde machine étatique est toujours
plus ou moins, et selon les zones, dans un état d'échec logistique non
négligeable…
Manque de ressources,
manque de préparations, manque de matériels, manque d'effectifs, et puis, dans
certains quartiers, les conditions n'ont tout simplement pas permis les équipes
de secours d'atteindre les victimes.
"Juste-a-temps", est
parfois "juste-trop-tard".
2-
L'électricité.
["Ici tout va mal. Les
voitures flottent a la surface, la ville est plongée dans le noir…Les
précautions sont basiques, personne ne prend soin des gens, les autorités sont
débordées, il y a de l'eau Partout !!!"
Kevin Picard,
étudiant en langue - Manhattan - Publié sur le site du Nouvel Observateur et de
TF1.]
La perte de
l'électricité est une constante de l'événement dramatique, et notre deuxième
cavalier de l'orage.
Pour Sandy, c'est
plus de huit millions de foyers qui se sont retrouvés sans électricité…avec des
secteurs encore dans le noir aujourd'hui après plus de 4 semaines.
C'est
potentiellement, selon vos structures, vos organisations et vos habitudes, 4
semaines sans frigidaire, sans éclairage, sans radio, sans télévision, sans
ordinateur, sans système d'alarme, sans cafetière, sans plaques électriques,
sans machine a laver, sans lave vaisselle, sans chauffage, sans ascenseur, sans
téléphone…sans eau courante
Rien de dramatique
pour des familles normalement constituées et prêtent a revivre le 18eme siècle
avec humour, détachement et patience…mais imaginez les personnes âgées ou a
mobilité réduite, les personnes fragiles ou habitants dans des appartements au
sixième étage d'un immeuble moderne chauffé a l'électricité. Imaginez les
familles nombreuses avec des enfants en bas âges…les personnes malades,
seules…et toutes celles qui sont totalement dépendantes du bon fonctionnement de
la machine pour vivre.
[ Le risque
d'incendie augmente dramatiquement durant une situation ou le réseau électrique
ne fonctionne plus. Lampes a pétrole, bougies, cheminées, réchauds…l'utilisation
soudaine, non maîtrisée et importante de ces outils devrait être conscientisé,
surtout en ville ou la densité de population et l'agencement des domiciles
augmente le risque de propagation.
Prévoyez aussi les
habitudes et les moyens de pouvoir prévenir et gérer l'incendie par vous même:
formation chez les pompiers, extincteurs d'incendies, détecteurs de fumée et de
CO2 a pile, sable, couvertures, prudence etc…]
Le réseau électrique
est souvent la première victime d'un événement naturel comme Sandy: neige,
froid, chaleur, glace, vent, inondations, incendies…ce système de support est
non seulement vulnérable et fragile, mais aussi extrêmement important pour le
bon fonctionnement d'une multitude de secteurs plus ou moins vitaux et piliers a
nos sociétés.
Pompes a essence,
hôpitaux, éclairage des rues, transportation, réfrigération, système bancaire,
internet, communication, pompage et distribution du réseau d'approvisionnement
en eau potable…sont autant de systèmes de support intimement liés au bon
fonctionnement du réseau électrique, et ceci est encore plus vrai en ville, ou
la dépendance est souvent plus palpable.
Si être dans le noir
pendant 24 heures n'est pas dramatique en soit, ne pas avoir d'eau courante ni
de chauffage dans un environnement dégradé et potentiellement hostile
(climatologiquement parlant) pendant 24 jours peut être une problématique
conséquente et insurmontable.
Pour simplifier,
trois solutions s'offrent alors a nous:
- Partir: c'est a
dire évacuer.
- "Souffrir": c'est a
dire s'adapter.
- Produire: c'est a
dire compenser.
a)
Partir.
Si l'évacuation est
incontournable pour certaines familles (perte totale du domicile / situation
trop difficile ou dangereuse, ordre d'évacuation de la part des autorités etc.),
quitter un environnement a haut risque, pour rejoindre un environnement sauf,
peut être délicat voir impossible a réaliser durant ou après une situation
d'urgence, surtout si nous n'avons pas prévu cette éventualité en
amont.
Les rues de certains
quartiers de New York après Sandy, devraient nous permettre de mieux cerner les
problématiques liées a la logistique de l'évacuation.
Parfois, il est tout
simplement impossible de sortir la voiture du garage !
Parfois, il n'y a
plus de route !
Parfois, les
transports en communs ne fonctionnent plus.
Souvent...il n'y a
pas assez d'essence dans la voiture, ni a la station, qui dépend de
l'électricité pour pomper le carburant, mais aussi d'une chaine de
ravitaillement complexe, souvent inopérante et invariablement
rationnée.
Sandy a fait plus de
121 morts aux états unis, et plus de 7000 personnes se sont retrouvées dans des
abris d'urgence, c'est a dire forcées d'évacuer leurs domiciles sans aucunes
préparation ou planification, et dans l'incapacité de suffisamment s'éloigner
des zones touchées.
13 000 vols
commerciaux ont aussi été annulés, laissant bon nombre de passagers dans
l'incapacité de rejoindre leurs familles, d'aller a l'hôtel, ou encore d'acheter
de la nourriture et de l'eau (pas d'électricité, pas de carte bleue
!).
Si un ordre
d'évacuation est donné par les forces de l'ordre, prenez vos animaux domestiques
!
Beaucoup ont laissés
leurs animaux chez eux…et ces animaux doivent maintenant être sauvés par des
équipes déjà surtaxées.
Prévoyez l'évacuation
en amont de l'urgence, bien avant d'être confronté aux problématiques de cette
démarche. Ne laissez pas votre réservoir d'essence vide, pensez a mettre en
place une petite réserve de carburant, prévoyez un sac d'évacuation, une liste
de contact en dehors de votre région, des points de chute, et discutez d'un plan
d'évacuation rationnel avec votre famille.
Ces simples étapes,
plus largement explorées sur ce blog, peuvent faire la différence.
b)
Souffrir.
Il est tout a fait
possible de souffrir….pardon, de vivre sans électricité.
En fait, plus de 1,5
milliards d'individus vivent aujourd'hui sans, et puisque nous sommes dans les
chiffres, 1 personne sur 4 vit comme nous vivions il y a 6000 ans.
Il est bon de
relativiser…mais ça n'élimine pas les contraintes logistiques, physiques et
psychologiques de vivre sans électricité pendant une durée indéterminée, et de
brutalement s'adapter a cette nouvelle vie.
La plus grosse
problématique immédiate et vitale rencontrée par les habitants de New-York a ici
été la perte de l'eau courante (et donc potable)…eau courante souvent dépendante
du réseau électrique pour sa distribution, avec l'exception de quelques systèmes
a gravité, encore que la aussi l'électricité contrôle la plupart de ces moyens
de distribution.
Beaucoup se sont alors rué sur les bouteilles d'eau dans les magasins…pour s'apercevoir, si celles-ci étaient encore disponibles, que dans une situation d'urgence, l'eau est rare, encombrante, lourde, et que nous en consommons énormément !
Au passage, la FEMA,
l'agence fédérale qui s'occupe de répondre aux urgences comme Sandy, n'a pas
prévue assez de stockes d'eau pour la population touchée, et la distribution a
été partielle, voir inexistante dans certaines zones.
Comme quoi, nous ne
pouvons pas toujours compter sur un autre pour notre propre bien
être.
Une autre
problématique pour beaucoup d'habitants: la dépendance a l'électricité pour la
préparation des repas.
Nous sommes nombreux
aujourd'hui a apprécier nos plaques électriques ultra modernes, mais dans une
situation ou le réseau électrique est en situation d'échec et condamné, nous
nous retrouvons très vite dans l'incapacité de préparer nos repas, de faire
bouillir de l'eau pour la rendre potable ou encore de préparer les biberons du
bébé.
New-York
A la problématique de
l'eau et de la cuisson, vient s'ajouter le problème de la régulation
thermique.
Tout comme avec les
cuisinières a gaz et les cheminées, le milieu urbain moderne s'est rapidement
désolidarisé avec l'idée de chauffer des quartiers entiers au gaz naturel, au
mazout ou a d'autres ressources plus "volatiles, dangereuses et
polluantes".
Les villes comme
New-York, ont alors adoptées la solution de l'électricité pour le chauffage, et
dans la plupart des cas centralisées le tout a l'échelle des immeubles (pas de
jaloux - tout le monde a 20C !).
La perte de
l'électricité veut souvent dire la perte du chauffage central. Pas un gros
problème si l'urgence est au mois de Juillet, mais si elle survient en plein
mois de Février, avec des températures pouvant être négatives, la régulation
thermique peut vite devenir dramatique.
Citoyens délivrants
des couvertures aux victimes après Sandy
Ce que nous pouvons
retenir, c'est que les conséquences de cette dépendance a l'électricité ont
grandement variées d'une situation a l'autre…certains habitants n'ont pas
souffert, d'autres ont tout perdu.
Quel que soit le cas,
un stocke de 10 jours d'eau potable a la maison, une méthode de filtration et de
purification de l'eau, une source de chaleur indépendante du réseau électrique
comme un réchaud de camping pour pouvoir préparer les repas et faire bouillir de
l'eau, des bougies, des lampes torche, des piles et quelques sacs de couchages,
bâches, couvertures et autres outils, font la différence entre subir tant bien
que mal, et s'adapter.
Dans le meilleur des
cas, c'est a dire si votre structure est intacte et que vous n'avez pas perdu
l'accès a l'eau potable, a la lumière et a la chaleur, ces ressources
personnelles peuvent être données ou prêtées a nos proches et nos voisins dans
le besoin.
c)
Produire.
Pour bon nombre
d'habitants touchés par la perte de l'électricité, le premier "reflex" a été de
vouloir produire, par eux même…c'est a dire compenser le manque par la mise en
place d'une certaine "autonomie".
Presque immédiatement
après la perte de l'électricité, des vagues entières de gens se sont précipités
sur les magasins spécialisés pour acheter un générateur (rappelons que plus de 8
millions de foyers ont été touchés par l'effondrement du réseau
électrique).
Seulement, les
magasins étant en "juste-a-temps", les générateurs sont vite devenus le nouveau
Graal de l'urgence.
En plus de sa rareté,
et même si il existe des générateurs fonctionnant au gaz naturel par exemple,
cet outil fonctionne a l'essence.
Comme nous l'avons vu
plus haut, l'essence est dépendante de la distribution (bateaux, tuyaux, pompes,
camions etc), mais aussi de l'électricité, tout simplement pour pouvoir l'amener
des réservoirs souterrains jusqu'aux pompes. Aussi, l'essence étant très vite
devenue rare et précieuse, le gouvernement a immédiatement rationné sa
distribution a 18L (5 gallons) par personne et par station dans les zones les
plus touchées (New-York City - New Jersey - Queens - Connecticut…).
Le gouvernement a
aussi réquisitionné plusieurs stations essence pour le ravitaillement de ses
propres voitures, camions et autres équipements comme ses générateurs,
interdisant l'accès aux "civiles".
[A savoir que le
gouvernement a temporairement placé des petits générateurs (Honda EU3000) dans
les rues de New-York pour rétablir l'éclairage (pour influencer le moral ambiant
et le taux de criminalité), mais ces petits générateurs se sont vite
volatilisés.
Plus tard, ils ont
remplacé ces petits générateurs par des systèmes beaucoup plus imposants,
physiquement gardés, et donc difficiles a voler.]
Un générateur de 7000
watt, capable d'alimenter une maison moyenne (le chauffage avec), peut consommer
40L par jours (et faire beaucoup de bruit).
Pour faire simple,
cette mathématique de la compensation est très vite devenue une problématique
sans fin d'approvisionnement en essence, et non une promesse
"d'autonomie"…remplacer un système fragile et dépendant (le réseau électrique),
par un système tout aussi dépendant (le générateur), est une solution qu'il faut
peser.
L'adoption
systématique du générateur par les habitants de New-York, et la convergence
quotidienne d'une population de plus en plus fatiguée et énervée aux stations
essence, a invariablement aboutie sur des tensions, puis des bagarres de plus en
plus fréquentes…pour 18L d'essence.
Beaucoup ont siphonné
leurs voitures pour alimenter leurs générateurs…certains ont siphonné celles de
leurs voisins (crime très répandu durant Sandy !).
Au passage, pensez a
intégrer une petite pompe manuelle a siphonner dans vos préparations (pas pour
les voitures des voisins).
L'idée de pouvoir
produire sa propre électricité est cependant intéressante, mais encore une fois
cette démarche d'indépendance devrait nous orienter vers des systèmes pouvant
réellement nous apporter de l'autonomie, et si possible d'une manière a
promouvoir la discrétion auditive.
Cependant, certains
ont été capables d'utiliser leurs générateurs intelligemment.
Les petits systèmes
de 2000 watts ont été largement plus efficaces et "durables" que leurs grands
frères plus imposants, dans le sens ou leurs propriétaires ne brulaient que 7L
par jours pour alimenter des systèmes ciblés comme les frigos, ou encore des
petits centres spontanés de rechargements pour les téléphones
portables.
Cette production
adaptée et ciblée est pertinente.
Elle peut réduire
l'impact du stress logistique de ne plus avoir d'électricité, pour alimenter une
pièce clé du domicile comme le frigidaire par exemple (pour la conservation de
certains médicaments, comme l'insuline pour les diabétiques...).
Mais la production
d'électricité a l'échelle familiale peut aussi réduire l'impact psychologique de
la situation ambiante sur un membre de la famille, comme un enfant qui a peur du
noir et plus largement du 18eme siècle, en permettant une certaine routine ou
distraction (faire fonctionner un lecteur de DVD ou un Ipod, maintenir
l'éclairage d'une pièce etc), ou encore porter assistance a la communauté en lui
permettant de recharger les portables pour faciliter la
communication.
"L'autonomie"
électrique, même si non-durable, peut être un atout physique et psychologique
important dans notre stratégie de résilience…et comme il est souvent le cas, le
plus de solutions s'offrent a nous, ou plutôt, le plus de solutions nous nous
offrons, et le plus nous sommes capables de nous adapter a la situation, et
positivement influencer notre environnement.
Panneaux solaires,
générateurs et stockes énergétiques en tout genre (piles, batteries, essence,
gaz naturel et combustible…), sont autant de moyens de pouvoir contribuer a la
résilience et la reconstruction de notre environnement immédiat.
Rien est parfait,
mais tout peut servir.
Au final, directement
ou indirectement, c'est surtout l'essence qui a fait la preuve du plus grand
intérêt de la part de la population new-yorkaise, mais aussi des agences
gouvernementales et fédérales.
1 gallon d'essence,
c'est a dire 3.7L, a, a un moment, atteint sur ebay et d'autres sites d'annonces
de particulier a particulier comme "Craig's List", la somme exorbitante de 40$
!
Comme quoi, le
pétrole bon marché est notre grand gourou a tous.
3- Les systèmes de
santé.
Les 200 patients du
centre médicale de l'université de New-York (Langone) ont été sous ordre
d'évacuation le 29 octobre, c'est a dire a peine 24 heures après l'arrivée de
Sandy !
L'hôpital de
Bellevue, 500 patients quand même, l'hôpital de Conney Island, et le centre
médical de Palisades, sont tous des hôpitaux piliers des communautés locales,
qui ont été partiellement ou totalement évacués.
La cause principale
de ces évacuations a été la perte immédiate de l'électricité, et l'impossibilité
physique (inondation) ou logistique (manque d'essence), de faire fonctionner les
générateurs de ces hôpitaux.
Si l'apport en
électricité n'est que très rarement vitale a l'échelle individuelle, elle est
primordiale au bon fonctionnement des hôpitaux et au bien être des patients les
plus dépendants.
Ajoutons a ces
problématiques de taille le manque d'effectif du a l'absentéisme du personnel,
et une hausse instantanée de la demande d'aide (blessés, personnes âgées et
seules, réfugiés etc), et nous retombons sur une constante de l'urgence, qui est
la difficulté systématique de nos services de santés de pouvoir fonctionner plus
ou moins normalement malgré l'adversité.
La bonne nouvelle,
est que l'évacuation des patients s'est déroulée sans aucune perte humaine a ma
connaissance…ce qui n'a pas été le cas durant la fermeture des hôpitaux sur la
Nouvelle Orleans durant Katrina.
Les équipes
d'urgences comme les ambulances, les pompiers ou les équipes de secours plus
spécialisées, ont elles aussi eu du mal a fonctionner durant l'événement: routes
impraticables, perte des systèmes de communication, environnement dangereux,
météo trop difficile pour les équipes héliportées…ce qu'il faut intégrer, c'est
que dans une situation d'urgence, nous pouvons rapidement perdre l'accès aux
soins professionnels et aux secours.
Si avoir une urgence
médicale quand tout va bien est déjà source de stress et d'angoisse, ne plus
avoir la possibilité d'appeler au secours (plus de téléphone) ou de ce rendre
rapidement a l'hôpital (plus de routes), est inévitablement
dramatique.
Prévoir cette
situation est avant tout une question de minimiser le risque de blessure et de
fatalité.
Se retrancher, être
prudent et rester dans un environnement protecteur est primordial. Eviter le
risque est une stratégie de survie intelligente, et cette stratégie devrait être
notre première ligne de conduite durant une situation d'urgence.
Sur les 53 victimes a
New-York, plus de la moitié sont mortes écrasées par des arbres ou des
branches.
La mise en place de
systèmes dédiés a l'urgence médicale a l'échelle citoyenne: trousse de premiers
soins, médicaments…mais aussi stages de secourisme et matériel de secours
(cordes, treuils, gants, casques, tronçonneuses, gilets réfléchissants, lampes
frontales, lampes torches puissantes, haches, pieds de biche, masses, pelles
etc.), est une démarche incontournable pour le samaritain que nous sommes, et il
n'est pas rare que celui-ci se retrouve a travailler main dans la main avec les
équipes de secours locales, souvent stressées et en manque
d'effectif.
Aussi, ne pas avoir a
demander de l'aide, ne pas avoir a être secouru, libère et optimise un système
d'urgence systématiquement débordé par la situation.
4- La
communication.
["Nous avons suivi
les consignes de sécurité préconisant de faire des provisions, notamment le fait
d'avoir "suffisamment d'eau potable pour plusieurs jours". Olivia Jan, qui vit a
Hoboken dans le New Jersey, confiait a TF1: "nous avons rempli tous les
récipients disponibles afin de stocker de l'eau pour les usages divers. Nous
sommes dans une ambiance d'attente, nous savons que cette nuit va être
difficile…beaucoup de gens ont renforcé leurs fenêtres avec du gros scotch pour
prévenir les éclats de verre comme cela a été recommandé."]
Une autre constante
de l'urgence, et de l'inhérente fragilité de nos systèmes de support, est la
perte plus ou moins totale de nos systèmes de communication.
Durant une situation
d'urgence, les téléphones portable deviennent rapidement inutiles, et même avec
un générateur, la plupart des new-yorkais n'ont plus eu accès au câble et a
internet (la mort quoi).
Le plus gros problème
ici est la surcharge des utilisateurs sur le réseau téléphonique, et encore et
toujours la perte de l'électricité.
Pour les portables,
le plus gros problème est que tout le monde veut appeler papa et maman en même
temps…et bien sur envoyer des photos de l'arbre sur sa maison !
"Texting" a continué
de plus ou moins bien fonctionner…donc si vous devez contacter une personne, et
que votre message est urgent, passez au "SMS" directement. Vous ne participerez
pas pleinement a la surcharge du réseau, et vous aurez une chance de faire
passer le message que "tout va bien", ou "RDV au Point de chute
Alpha".
Personnellement, nous
avons un vieux téléphone fixe traditionnel qui ne dépend pas d'un réseau
cellulaire, et qui n'a pas besoin d'une prise de courant pour
fonctionner.
Ces vieux téléphones
sont souvent bon marché (les cigales n'en veulent pas), et durant Sandy ils ont
continué de fonctionner la ou les portables n'étaient qu'une énorme source de
frustration.
Les téléphones fixes
et les cabines téléphoniques ont été la seule méthode de communication stable
pour la plupart des New-Yorkais.
Pas de câble, pas
d'internet, et pas de portable…ça veut dire qu'on revient a la
radio.
Une radio FM/AM a
dynamo/pile, c'est a dire indépendante de la santé du réseau électrique, est une
nécessitée pour continuer de s'informer en temps réel sur la situation: ordres
d'évacuation, progrès et état des lieux, informations locales, localisation des
centres de distribution et d'aide, liste des hôpitaux en état de recevoir les
patients etc...mais aussi pour pouvoir se divertir (l'ennui peut être
extrêmement difficile a gérer pour nos cultures ultra "branchées" et habituées a
la télévision et internet - prévoyez des jeux par exemple, et incluez vos
voisins en échangeant vos jeux de société et vos livres sur la survie
!).
En plus d'une radio,
posséder des moyens de communications portatifs et indépendants comme une CB ou
des PMR peut être extrêmement utile durant les phases d'interruptions, de
reconstructions ou d'interventions.
Durant une situation
d'urgence, pouvoir s'informer et rester en contact direct avec sa famille n'a
pas de prix.
5- Le
crime.
["Depuis que Sandy a
mitraillé la péninsule de Queens (banlieue) et a déchirée les infrastructures,
c'est devenu un lieu de non-droit ou la police est encore plus rare que
l'électricité et la nourriture."
"NY Daily
News"
Si la plupart de la
population touchée par Sandy s'est consacrée a l'entraide et la solidarité…s'est
contentée de faire la queue devant les camions de ravitaillement, et de
volontairement participer a la reconstruction et au nettoyage des zones
dévastées, les cambriolages a main armée, les pillages, les vols et les
confrontations physiques ont été, tout comme durant Katrina (Vols, Viols,
Violences), omniprésentes sur la ville de New-York et ses
banlieues.
Durant une situation
d'urgence comme Sandy, la montée de la criminalité est, qu'on le veuille ou non,
une dimension qu'il nous faut prévoir et assumer.
Non pas qu'il soit
question pour le citoyen de directement passer en mode
"justicier-shérif-adjoint-Norris", mais il me semble raisonnable et important
d'envisager une protection personnelle intelligente et adaptée a la situation,
en commençant par une mise en place passive et générale de notre univers
immédiat, c'est a dire notre domicile et notre quartier.
Ne pas laisser les
outils comme les générateurs en pleine vu (les générateurs ont été les outils
les plus volés sur New-York - ils sont bruyants, et donc facilement
repérables…), maintenir tant bien que mal l'intégrité de notre domicile (prévoir
les outils et les matériaux pour colmater les fenêtres et les ouvertures…),
communiquer et établir des liens a l'échelle du quartier (parler aux voisins,
construire du lien et de l'entraide…), éviter les centres de distribution
souvent chaotiques (lieux de confrontations, de tensions, de repérages…)…sont
autant de démarches passives pouvant freiner, limiter et minimiser le risque de
devenir une victime.
Les causes de cette
hausse de la criminalité durant une situation d'urgence sont une convergence de
plusieurs facteurs. Ces facteurs favorisent l'effondrement de la morale, de la
justice et plus largement de l'ordre.
- Perte de
l'électricité = plus de lumières, plus d'alarmes, plus de cameras de
surveillance, et surtout plus de communication possible avec les forces de
l'ordre…
- Perte de
l'inhibition = soudainement, certains individus semblent comprendre l'urgence
comme une opportunité de pouvoir voler, agresser et piller
impunément.
- Perte totale ou
partielle de l'ordre = durant Sandy, les forces de l'ordre ont été largement
débordées, et souvent dans l'incapacité physique de pouvoir répondre aux appels
(systèmes de communication, routes impraticables, voitures détruites,
absentéisme, priorités etc…).
Qu'il s'agisse de
l'effondrement de l'économie en Argentine, du tremblement de terre a Haiti, du
siège de Sarajevo, ou de l'ouragan Sandy, le citoyen se retrouve souvent
propulsé dans un univers ou il est forcé de s'intéresser a sa propre sécurité,
mais aussi a celle de son entourage.
Dans ce contexte, bon
nombre de citoyens responsables se sont armé et ont organisé la sécurité de
leurs quartiers.
Ces armes, loin
d'être la cause de la violence, ont été utilisées pour la défense de la vie et
de la propriété dans les communautés frappées par la catastrophe.
Simplement, quand la
police ne peut pas intervenir, et quand la dépendance systémique a rendue la
population locale désespérée pour certaines ressources vitales, il peut être
nécessaire de se protéger des criminels et de la violence.
Epilogue.
La démarche du
survivaliste n'est pas pour moi de se prémunir d'une possible catastrophe
Biblique, d'anticiper un effondrement global, ou de se préparer a un événement
spécifique et calculé…mais bien de privilégier, au travers d'une certaine prise
de conscience et de philosophie de vie, une intention d'indépendance et
d'autonomie a l'échelle individuelle, familiale et clanique.
Cette indépendance,
plus ou moins développée et entretenue selon les situations familiales,
budgétaires et environnementales, permet de faire face a la majeur partit des
urgences et de leurs séquelles, puisque celles-ci expriment plus ou moins
toujours les mêmes constantes de l'effondrement de la normalité: les cavaliers
de l'orage.
Il peut être
extrêmement difficile pour un Occidental aujourd'hui de comprendre, ne serait-ce
qu'intellectuellement, les réalités mêmes passagères d'un monde sans chauffage
central, sans eau courante, sans électricité, sans essence, sans transports en
commun, sans le tout a l'égouts, sans aide médicale extérieure, sans service
d'ordre, sans supermarchés remplis a ras bord, sans distributeurs de billets
automatiques…mais d'un autre coté, la plupart des situations d'urgence comme
Sandy ne reflètent pas cette idée "survivaliste de l'extreme", pourtant souvent
rencontrée et médiatisée, de s'enfermer dans un bunker ou d'aller se réfugier
dans les bois avec son arme et son chien.
Au final, pas de fin
du monde dans un trou a bouffer du lyophilisé, mais pas non plus d'idéale
"bisounours" ou tout le monde s'entraide, s'aime, et ou il ne se passe jamais
rien.
lien internet : http://lesurvivaliste.blogspot.fr/
lien internet : http://lesurvivaliste.blogspot.fr/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.