mercredi 19 juin 2013

Récupérer l’eau de pluie

 


 
Archimeo
 
Pour ce week-end, je vais aborder un sujet qui n’est pas simplement lié à la mini-maison, mais à toutes les habitations en général. Récupérer l’eau de pluie est une question de bon sens. Cela ne demande pas un gros investissement et c’est une solution économique et écologique. Il suffit d’une citerne raccordée au réseau de gouttière et vous pouvez être autonome en eau pour le jardin, les toilettes, le lave-linge, laver la voiture ou plus.

Récupérer l’eau de pluie pourquoi ?

La finalité qui pousse à récupérer l’eau de pluie varie d’un individu à l’autre, d’une région à l’autre, d’une collectivité territoriale à l’autre. En effet, ce n’est plus une démarche individuelle aujourd’hui, de nombreuses communes développent cette nouvelle pratique de la gestion de l’eau. Il s’agit pour certains de préserver la ressource en eau de la commune, de protéger les milieux aquatiques pour d’autres, ou bien de lutter contre le l’imperméabilisation des sols.
Pour l’individuel, c’est un moyen de faire des économies intéressantes, de faire un geste citoyen et de participer à la gestion des ressources naturelles. Lorsqu’on est encore accroché aux toilettes à chasse d’eau (sinon il y a les toilettes sèches), c’est la solution pour alimenter les réservoirs à bon prix. C’est dans les toilettes qu’on consomme le plus d’eau potable, environ 8000 litres par personne annuellement.

La conception pour récupérer l’eau de pluie

La conception de l’installation pour récupérer l’eau de pluie doit être pensée dès la conception du projet. Dans le cadre d’une mini-maison, il est facile de prévoir et d’installer un réservoir enfoui à côté du bâtiment au moment de la conception des fondations.
Pour ce qui est du dimensionnement, une étude préalable des ressources pluviométriques de la région vous permettra de connaître mois par mois les variations des chutes d’eau. Ajoutez à cela une évaluation des besoins, en tenant compte de l’usage visé (toilettes uniquement, ou arrosage du jardin, ou encore recyclage) et du nombre d’utilisateurs, et vous saurez quel volume vous devez stocker pour les périodes sèches.
Votre installation doit être conçue selon quatre critères :

1. La collecte des eaux pluviales

Que vous ayez un toit en pente ou un toit terrasse, vous devez d’une manière ou d’une autre récupérer les eaux de pluie pour les acheminer hors de la maison. Si vous décidez de récupérer l’eau de pluie pour un usage domestique, il vaut mieux que la collecte garantisse un acheminement de qualité.
Vous devez donc capter l’eau (assez facile pour un toit en pente, qui nécessite une préparation de la surface pour des toits terrasse) jusqu’à des descentes qui vont se regrouper via des regards vers le lieu de stockage.

2. Le traitement des eaux pluviales

Cela peut commencer par entretien régulier des gouttières, c’est d’ailleurs une des seules corvées qui s’impose pour permettre d’enlever les gros déchets (feuilles mortes, branchages, débris apportés par le vent).
Vous pouvez aussi prévoir des grilles de filtration aux sorties des descentes de gouttières avant d’acheminer l’eau vers la citerne de stockage et un dispositif de filtrage, comme un filtre à sable. Si vous utilisez ce genre de filtre, n’oubliez jamais de le surdimensionné pour absorber les pluies abondantes qui peuvent arriver quelquefois.

Filtre sediment sortie gouttières Récupérer leau de pluie
Filtre à sédiments en sortie des descentes de gouttières

3. Le stockage des eaux pluviales

L’eau de pluie collectée dans une citerne, en vieillissant va se détériorer (apparition de mousses et d’algues). C’est pour cela qu’il est bon de l’enterrer afin de minimiser l’accès à la lumière, source du développement de ces algues. Le fait de l’enfouir va aussi aider à garder une certaine fraîcheur et empêcher un développement rapide des algues et des bactéries, et certainement la protéger du gel.
Un système d’aération (genre bulleur d’aquarium) programmé à intervalles peut aussi aider au retardement de l’apparition de ces algues.
Enfin, il faut veiller à réguler le stock avec un trop-plein efficace en cas de pluies abondantes.

4. La distribution des eaux pluviales

Afin d’acheminer l’eau vers les points de distribution dans la maison, il faut prévoir un système qui va remettre en pression l’eau stockée, afin qu’elle arrive bien jusqu’aux points d’eau souhaités.

Bien choisir sa cuve

Le budget le plus important pour récupérer l’eau de pluie, c’est celui qu’on va investir dans la cuve et dans le terrassement pour l’enfouissement. Les fabricants sont nombreux, le choix varié.
On trouve principalement des cuve PVC ou Polyéthylène Haute Densité (PEHD) dans toutes les dimensions. On trouve aussi des cuves en béton, et pour une fois c’est ma préférence. Il faut savoir que le béton a la particularité de neutraliser l’acidité naturelle de l’eau (les pluies sont souvent acides), ce qui permet un prétraitement non négligeable de l’eau de pluie.

cuve eau pluie PEHD extérieur Récupérer leau de pluie
Cuve en PEHD à l’extérieur

D’un point de vue énergétique, le bilan carbone à la fabrication est à peu près le même. Vous ne serez pas plus écolo en choisissant une cuve béton. Vous aurez simplement plus de facilité à gérer le stockage de vos eaux de pluies.
Le choix d’une cuve en PEHD peut se comprendre dans le cadre d’un stockage à l’air libre pour l’arrosage du jardin et parce qu’elles sont plus légères donc plus faciles à installer. Les cuves en béton demande un budget supplémentaire pour la pose, leur poids étant de plusieurs tonnes, il faut avoir recours à un engin de levage.

Cuve eau pluie béton Récupérer leau de pluie
Cuves eau de pluie en béton raccordées

J’oubliai ! Vous pouvez construire votre cuve en parpaings maçonnés avec un enduit ciment à l’intérieur pour les échanges avec l’eau et une étanchéité à l’extérieur.

Récupérer l’eau de pluie pour un usage alimentaire

Récupérer l’eau de pluie pour un usage alimentaire, c’est-à-dire pour laver les aliments, cuisiner et même la consommer, ainsi qu’un usage d’hygiène corporelle, douche, bain, lavage du linge, est possible.

Mais avant d’attaquer cette partie polémique, il faut que je vous dise que d’un point de vue réglementaire, les autorités sanitaires sont réticentes et qu’elles préconisent l’utilisation de l’eau potable pour ces activités. Ce qu’elles appellent eau potable, c’est l’eau traitée acheminée par la commune. Maintenant il faut bien voir qu’un puissant lobbying de marchands d’eau en tout genre a tout intérêt à ce que les gouvernements nous interdisent de faire de l’eau potable avec l’eau de pluie.
Il faut que je vous raconte aussi une petite histoire. Dans les années 90 j’ai vécu à Saint Martin, une île des Antilles binationale, Hollande-France, sans frontières. A la limite du côté hollandais, sur le territoire français, a été réalisé un lotissement avec des villas magnifiques sur une presqu’île, le lotissement des Terres Basses. Impossible d’avoir une villa à moins d’un million d’euros, les lots étant de un hectare minimum.

Comme son nom l’indique les Terres Basses sont au bord de la plage et le sol n’est que du sable et de la roche. Pas d’adduction d’eau de la ville. Toutes les villas fonctionnent avec des citernes.
J’ai un ami qui a eu l’occasion d’acheter une de ces villas après un cyclone. Très endommagée, il a eu pour moins de la moitié de sa valeur. Il l’a retapé et a installé une citerne. Il a en fait fermé par une chape de béton l’ancienne piscine et obtenu ainsi une citerne de près de 20 000 litres (piscine de 12 x 8 m par environ 2 mètres de profondeur). Comme il voulait utiliser cette citerne pour tout usage, il a installé en amont un filtre en sable en plus des grilles aux sorties des gouttières, il a mis un bulleur d’aquarium piloté par un minuteur et qui fonctionne quelques heures par 24 heures. En sortie du groupe hydrophore (surpresseur) qui pompe l’eau de la cuve avec une crépine flottante, il a installé un set de filtres de plus en plus fin, filtres à cartouche à sédiments de 50 à 25 microns (comme les piscines), puis filtres à cartouche avec une porosité de 10 microns. L’eau qui en sort est inoffensive d’un point de vue sanitaire (douche, lavage des aliments). Pour la consommation, il a fait une dérivation vers des robinets alimentés par un préfiltre de 5 microns, puis un filtre céramique à micro filtration à 1 micron et un filtre à charbon actif.
Il avait un ami qui dirigeait le laboratoire d’analyses médicales en ville. Il lui avait demandé d’analyser l’eau sans lui dire la provenance. Le résultat de l’analyse : cette eau était tellement potable que ce chimiste pensait que c’était l’eau d’un puits. Comme quoi il est possible de faire de l’eau potable avec de l’eau de pluie !
Pour la petite histoire, cet ami analyste a, pour comparer, analysé l’eau de la ville. Elle était de moins bonne qualité !

Si vous ne croyez pas qu’on puisse être autonome en eau avec la pluie, je vous conseille de lire le site www.eautarcie.org basé sur les travaux de Joseph Orszagh, un scientifique belge qui a travaillé en Afrique et qui a fait partie de la Commission gouvernementale des eaux de la région wallonne, avec toutes les critiques que vous pouvez imaginer, vu qu’il a toujours préconisé une approche simple à l’utilisation de l’eau de pluie.
C’est très instructif !

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