L’HYPOTHERMIE
Si les progrès technologiques dont profitent les combinaisons permettent désormais de plonger dans de bonnes conditions thermiques, l'hypothermie reste un souci constant durant l'hiver et le début du printemps. Qu'est-ce que l'hypothermie, comment s'en protéger ?
Attention, ralentisseur!
Le froid comporte un paradoxe que les physiologistes ont encore du mal à expliquer. Il tue, mais il permet aussi de conserver les cellules vivantes, dans de bonnes conditions. On l'utilise donc en chirurgie cardiaque, dans les greffes par exemple.
Le froid diminue le métabolisme jusqu'à pratiquement l'arrêt de toutes les fonctions de la cellule et du corps entier. L’organisme fonctionne au ralenti, c'est un état d'hibernation, bien connu chez les animaux.
A température normale, le cerveau humain subit des dommages irréversibles lorsqu'il est privé d'oxygène pendant dix minutes. Mais quand la température cçirporelle passe de 37'C à 3 O'C, la résistance du cerveau à l'hypoxie est bien meilleure. D'autre part il est bien connu que le contact de l'eau froide sur le visage détermine un ralentissement du rythme cardiaque et une vaso-constriction. C'est le réflexe de plongée qui a pour but d'économiser les réserves en oxygène.
Les organes "nobles" protégés
La température normale s'équilibre autour de 37°C à quelques dixièmes près. Lorsque le refroidissement extérieur s'accentue, l'organisme réagit par la vaso-constriction qui diminue ainsi la perte calorique, surtout au niveau de la peau où la déperdition est importante.
Les organes "nobles"' que sont le coeur, le cerveau, les reins vont ainsi être "protégés" par une distribution préférentielle du sang. On considère alors le corps comme étant constitué d'une "enveloppe", où peu de sang circule, et d'un "noyau central", où la vascularisation demeure tant bien que mal.
Le plongeur et l’hypothermie
L’eau est un fluide très conducteur de chaleur, le refroidissement y est 25 fois plus rapide qu'à l'air, à température égale. Chez les plongeurs, l'hypothermie est pourtant rare. Elle coexiste souvent avec les états de noyade et de pré-noyade. Il est alors difficile de faire la part des choses entre l'hypothermie entrainant la noyade, ou la noyade précédant le refroidissement du corps.
De plus, parler d'hypothermie suggère la prise de la température rectale, seule apte à établir le diagnostic. Une pratique loin d'être habituelle après une plongée normale!
L’hypothermie n'est donc pas la caractéristique principale de la plongée.
Les trois états de l’hypothermie
On parle d'hypothermie lorsque la température rectale est inférieure à 35°C. La perte de chaleur est donc supérieure aux capacités de production
Selon l'importance de l'hypothermie, on distingue trois degrés de gravité:
. L’hypothermie légère entre 35°C et 32°C,
. Grave entre 32°C et 28°C
. Majeure sous les 28°C
Les signes cliniques de l'hypothermie sont résumés (voir signes de gravité).
Entre 35°C et 33°C, le sujet lutte tant bien que mal contre le froid, comme en témoignent les frissons, véritables indicateurs de lutte. A 32°C, il ne résiste plus, et toutes ses fonctions vitales s'effondrent. A 28°C, il présente un état de mort apparente, encore réversible au réchauffement. Il est parfois difficile, lorsqu'on ne dispose pas d'un électrocardiogramme, de déclarer le décès, tant l'apparence est trompeuse: le pouls est absent, la pâleur est extrême, la respiration est imperceptible. Le sujet est pourtant vivant On ne doit donc surtout pas affirmer la mort d'un plongeur sur la simple absence de pouls et sur une rigidité cadavérique des membres lorsqu'il existe une température corporelle inférieure à 28°C !
Malade ou fatigué, point tu ne plongeras
Le port d'une combinaison adaptée est bien entendu la condition minimale de prévention de l'hypothermie. Un bon état physique, l'absence de maladie à risque et de facteurs favorisants permettent d'éviter l'hypothermie. Pour pouvoir plonger en eaux froides, il faut s'acclimater au préalable, surtout si le plongeur est habitué aux eaux chaudes et que la plongée doit se prolonger.
La marche à suivre
D'abord, diagnostiquer avec certitude qu'il s'agit d'une hypothermie et évaluer sa gravité (il existe des thermomètres adaptés à la prise des basses températures, les thermomètres habituels ne descendent qu'à 34,5°C). La rapidité et l'intensité du réchauffement dépendent en effet de la profondeur de l'hypothermie.
Au-dessus de 35°C, le réchauffement spontané est suffisant, il suffit de déshabiller le plongeur, de le sécher (l’humidité favorise le refroidissement) et de le recouvrir d'une simple couverture. Entre 28°C et 32°C, l'hospitalisation en service de réanimation devient indispensable. En effet, le réchauffement provoque parfois des troubles du rythme cardiaque, voire un arrêt aux alentours de 32-34°C nécessitant une surveillance intensive.
La vitesse idéale de réchauffement est en général de 1°C par heure. Il ne faut surtout pas immerger une personne en état d'hypothermie dans un bain chaud au risque de provoquer une vaso-dilatation brutale fatale.
Méfiez-vous aussi des bouillottes qui peuvent brûler un comateux.
En pratique, si vous êtes devant un plongeur en hypothermie manifeste, et que vous ne disposez ni de thermomètre ni d'un hôpital proche, contentez-vous de ce réchauffement prudent et lent.
L’hypothermie, comme les autres accidents de plongée, n'est pas une fatalité. L’absorption d'alcool, l'absence d'une alimentation adaptée, la fatigue ou un mauvais état général contre-indiquent formellement la plongée hivernale.
Les signes de gravité
37°C température normale.
36°C frissons.
35°C pâleur cutanée, conscience normale, sensation de froid, tension artérielle élevée, accélération de la fréquence
respiratoire.
33°C baisse de la fréquence respiratoire.
32°C troubles de la conscience, de l'attention, difficulté à parler, disparition des frissons, urines froides.
31°C chute de la tension artérielle, baisse du rythme cardiaque.
28°C coma profond, risque d'arrêt cardiaque par troubles du rythme, pâleur cadavérique, rigidité musculaire intense, pause respiratoire.
20°C arrêt cardiaque terminal et irréversible.
Des maladies à risques
Maladies cardiaques.
Le diabète.
L’hypothyroidie.
L’anorexie mentale.
L’alcoolisme chronique.
Les facteurs favorisants
L’alcoolisme aigu.
La fatigue.
La maigreur.
Le jeûne.
La dénutrition.
Les traumatismes associés (fractures, saignements).
L’âge supérieur à 60 ans.
L’immersion brutale en eau très froide.
Les antidépresseurs et les tranquillisants.
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